L’impact du décret tertiaire sur l’industrie hôtelière à la Réunion : comprendre et agir
- thomas telegone
- 10 oct. 2023
- 6 min de lecture
Depuis juillet 2019, la mise en place du dispositif écoénergie tertiaire, également connu sous le nom de « décret tertiaire », contraint les bâtiments tertiaires à réduire leur consommation d'énergie.
Cette mesure s'applique à tous les bâtiments d'une surface de plancher de locaux tertiaires supérieure à 1 000 m², incluant les hôtels, ainsi qu'aux bâtiments à usage mixte dont la surface totale d'activités tertiaires dépasse 1 000 m². Seuls les lieux de culte, les constructions temporaires et les bâtiments dédiés à la défense, à la sécurité intérieure et à la sécurité civile sont exemptés de cette règle.

Les objectifs fixés pour ces bâtiments sont ambitieux, visant une baisse relative de la consommation de 40% en 2030, 50% en 2040 et 60% en 2050 par rapport aux consommations d'une année de référence comprise entre 2010 et 2019. Des seuils absolus de consommation (kWh/m²/an) ont également été définis par zone géographique et par type de bâtiment.
Les hôtels, qui font partie des bâtiments concernés par cette mesure, doivent donc s'adapter pour répondre aux nouvelles exigences environnementales. Cependant, de nombreux acteurs du secteur ont exprimé leur inquiétude quant à la mise en place de cette réglementation, soulignant l'absence de valeurs de la part de l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie (ADEME) qui permettraient de définir des objectifs en valeur absolue. Cette incertitude freine la mise en place complète du décret tertiaire et constitue un véritable obstacle pour les professionnels de l'hôtellerie qui doivent se conformer à cette réglementation.
Malgré les difficultés rencontrées, les professionnels du secteur doivent investir dans des stratégies durables pour optimiser leur consommation d'énergie et répondre aux normes environnementales.
Les hôtels face au défi du décret tertiaire

Le décret tertiaire impose aux bâtiments à usage tertiaire de diminuer leur consommation d'énergie de 40% d'ici 2030. Pour s'inscrire dans cette démarche, les hôtels doivent s'inscrire sur la plateforme Opérat et déclarer leur consommation énergétique.
Cependant, cette tâche est particulièrement difficile pour les hôtels qui doivent tenir compte de nombreux facteurs, tels que les conditions météorologiques, le taux d'occupation et les équipements de l'hôtel, pour comparer leur consommation d'une année à l'autre.
Pour aider les hôtels à répondre à cette obligation, l'ADEME a délivré des normes pour d'autres secteurs tertiaires. Cependant, un arrêté spécifique pour l'hôtellerie est encore attendu. Celui-ci, appelé "valeur absolue 3", permettra d'ajuster les consommations en fonction des facteurs particuliers de chaque secteur. La définition de la "valeur limite" définira un seuil à ne pas dépasser pour les bâtiments qui sont déjà performants énergétiquement.
Le défi est donc de taille pour les hôtels et les autres bâtiments tertiaires. Il est urgent de trouver des solutions pour permettre à ces entreprises de réussir leur transition énergétique, tout en prenant en compte les spécificités de chaque secteur. Des ajustements sont en cours, mais il est essentiel d'agir pour atteindre les objectifs ambitieux fixés par le gouvernement.
Pour les hôteliers, il est essentiel d'avoir une vision globale de la situation et de trouver des solutions pragmatiques pour répondre aux obligations administratives tout en garantissant une expérience de qualité pour leurs clients. Des accompagnements et des formations sont proposés pour les aider dans cette démarche.
Le décret tertiaire est un véritable défi pour les hôtels et les autres bâtiments tertiaires, mais il est également une opportunité pour eux de repenser leur consommation d'énergie et leur impact écologique de manière globale. Il est temps d'agir pour faire de cet objectif une réalité.
Jade Hospitality Group : confronté aux difficultés de mise en conformité au décret tertiaire
Le groupe hôtelier Jade Hospitality Group, spécialiste de la rénovation hôtelière, a souhaité internaliser au départ sa démarche de mise en conformité au décret tertiaire. Entre 2020 et 2021, il a entrepris la récupération des informations nécessaires pour réaliser les déclarations historiques, soit les 10 dernières années de consommation d'énergie. Cette étape s'est cependant révélée plus difficile que prévue.
Le groupe a fait face à plusieurs obstacles, notamment dans la recherche de la data. En effet, en raison de sa croissance exponentielle entre 2013 et 2022, il lui a été difficile d'obtenir les informations auprès des différents fournisseurs d'énergie. Certains ont même changé entre-temps, compliquant encore la tâche. Le problème s'est également posé pour les acquisitions récentes, où les vendeurs ne transmettaient pas systématiquement l'intégralité des données de consommation énergétique sur les dix dernières années.
Le groupe a également été confronté à une difficulté technique : la plateforme Opérat, utilisée pour remplir les informations nécessaires, n'était pas complètement opérationnelle jusqu'en octobre 2022.
Enfin, l'absence d'informations quant aux modalités de calcul applicables au domaine de l'hôtellerie est un frein important pour Jade Hospitality Group, et de nombreux autres acteurs du secteur.
En somme, la mise en conformité au décret tertiaire représente un défi de taille pour les hôteliers, confrontés à de nombreuses difficultés. Il est donc essentiel de bien se faire accompagner et de prendre en compte l'ensemble des contraintes techniques et administratives pour réussir cette transition écologique. Comment se faire accompagner ? Le décret tertiaire impose aux hôtels de réduire leur consommation d'énergie de 40% d'ici 2030.
Pour répondre à cette obligation, de nombreux hôteliers se tournent vers des bureaux d'études spécialisés. Cependant, trouver un cabinet qui correspond à son modèle hôtelier peut être complexe. Il existe un grand nombre de cabinets d'études proposant une grande diversité d'approches et de services. Il est donc essentiel de bien choisir son partenaire pour être efficace. Le choix du cabinet doit être guidé par la connaissance de la structure interne de l'entreprise, afin d'identifier le cabinet qui correspond le mieux à ses besoins.

Ainsi, il est important de se poser la question de l'externalisation ou de l'internalisation. Avez-vous besoin d'un cabinet d'études qui prendra en charge l'ensemble de la démarche ou cherchez-vous un partenaire qui vous accompagnera en vous formant et en vous aidant à mettre en place une solution pérenne ? En fonction de cette réponse, le choix du cabinet sera différent. De plus, il est important de se projeter dans le temps au-delà de la partie déclarative du décret. L'objectif est d'atteindre une économie de 40% en 2030, 50% en 2040 et 60% en 2050. Le choix du cabinet doit donc se faire en fonction de son savoir-faire et de sa capacité à bien comprendre les enjeux de la transition énergétique. Enfin, la difficulté de récupérer les données historiques de consommation entre 2010 et 2019 est un obstacle majeur pour les hôteliers. Pour résoudre ce problème, il est possible de faire appel à des entreprises spécialisées dans la récupération de ces données. En somme, le choix du cabinet d'études est une étape importante pour les hôteliers qui souhaitent se conformer au décret tertiaire. Il est essentiel de bien définir ses besoins internes, au-delà de la simple externalisation ou internalisation de la démarche, et de mettre en place une solution pérenne pour atteindre les objectifs ambitieux fixés par le gouvernement.
Les hôteliers face à de nombreuses obligations réglementaires : décryptage Le secteur de l'hôtellerie est confronté à de nouvelles obligations réglementaires, qui s'ajoutent à celles déjà en place. Parmi celles à venir, on peut citer le décret BACS, qui vise à piloter les consommations d'énergie des bâtiments tertiaires, y compris les hôtels. Ce décret impose l'installation d'une Gestion Technique du Bâtiment (GTB) ou d'une Gestion Technique Centralisée (GTC) pour piloter les installations de chauffage, climatisation et ventilation. Les seuils de puissance installée pour être concerné par cette obligation sont actuellement de 290 kW, et passeront à 70 kW en 2027. Les hôtels qui se conformeront à cette obligation pourront bénéficier du dispositif incitatif de Certificats d'Economies d'Energie (CEE), jusqu'à la fin de l'année 2023. Par ailleurs, la loi sur les mobilités, prévoit l'installation de bornes de recharge à partir du premier janvier 2025. Cette obligation implique des règles différentes de celles en vigueur actuellement. Les hôtels devront donc s'adapter et prendre en compte cette nouvelle règlementation dans leur plan d'investissement. Les décrets s'empilent, avec des échéances à respecter dans un laps de temps toujours plus court. Les hôteliers sont donc confrontés à une superposition de réglementations, qui peuvent parfois rendre la mise en conformité difficile. Pourtant, il est essentiel de respecter ces réglementations pour réduire la consommation d'énergie et contribuer à la transition écologique. Différentes solutions peuvent être envisagées pour répondre à ces obligations. Il est important de bien se faire accompagner pour trouver une approche sur mesure, qui correspond à chaque modèle hôtelier et budget. Il est également recommandé de s'informer régulièrement sur les évolutions réglementaires et technologiques, pour être en mesure de s'adapter et d'anticiper les échéances à venir. Enfin, il est important de rappeler que la mise en place du pilotage des consommations d'énergie, de l'installation de bornes de recharge ou de la rénovation énergétique des bâtiments tertiaires, sont autant de vecteurs d'économies d'énergie.
Choix écologique et économique, ces actions permettent aux hôtels de réduire leur empreinte environnementale et de réaliser des économies à long terme.
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